𝐄̂𝐭𝐫𝐞 𝐩𝐫𝐨𝐟𝐞𝐬𝐬𝐢𝐨𝐧𝐧𝐞𝐥𝐥𝐞 𝐝𝐞𝐬 𝐣𝐚𝐫𝐝𝐢𝐧𝐬 𝐡𝐢𝐬𝐭𝐨𝐫𝐢𝐪𝐮𝐞𝐬, 𝐦𝐞̂𝐦𝐞 𝐚𝐯𝐞𝐜 𝐮𝐧 𝐧𝐨𝐦 𝐞́𝐭𝐫𝐚𝐧𝐠𝐞𝐫.

Il y a quelques jours, j'ai vécu une situation qui m’a profondément interpellée. En tant que professionnelle des jardins historiques, je vis et travaille à Versailles, une ville emblématique du patrimoine français. C’est ici que je m’investis pleinement dans la préservation de notre histoire. Pourtant, malgré ma nationalité française et mon expertise, un commentaire raciste a remis en question ma légitimité. Lors d'une rencontre professionnelle, une cliente a regardé ma carte de visite et m’a fait part de sa surprise face à mon nom de famille polonais, insinuant qu’il ne correspondait pas à l’identité "française" nécessaire pour travailler dans un domaine aussi traditionnel. Ce nom, que j'ai choisi de ne pas utiliser dans ma communication car trop "compliqué", préférant l'utilisation de 𝑪𝒉𝒂̂𝒕𝒆𝒂𝒖 & 𝑩𝒐𝒕𝒂𝒏𝒊𝒒𝒖𝒆, pour reprendre mes initiales.

Cette remarque, lourde de préjugés, soulève une question qui me touche profondément : comment être légitime dans un domaine aussi symbolique que celui du patrimoine français, lorsque l'on est une femme, jeune, et que l'on porte un nom étranger ?

Ce nom, transmis sur trois générations, porte l’histoire d'hommes et de femmes obligés de tout quitter pour venir travailler en France. Alors, comment être légitime dans un domaine aussi symbolique que celui du patrimoine français lorsque l’on porte un nom qui, bien qu’issu d’une lignée d’immigrés, fait partie de l’histoire de notre pays ? Je crois fermement que la légitimité ne réside pas dans l’origine, mais dans l'engagement, la passion et la compétence avec lesquelles on préserve et valorise notre patrimoine.

Je suis fière de mon nom, de mon héritage, et de l’histoire que je préserve chaque jour dans mon métier.